Analyse d' une oeuvre contemporaine par un critique d'art

 

Âme Sauvage ET LES JAILLISSEMENTS - Critique d'art

Par Jean-Paul Gavard-Perret

Âme Sauvage ET LES JAILLISSEMENTS Par Jean-Paul Gavard-Perret

La poétique de l’Imaginaire d’ Ame Sauvage s’inscrit totalement dans la dynamique. La verticalité, le fléchage des formes s’inscrivent au milieu des tonalités lumineuses et claires.

Tout appartient à l’ordre du surgissement, d’un épanouissement printanier et lyrique.

L’artiste peintre peint pour établir en avançant dans sa peinture le lieu de la manifestation et de la réalisation des possibles, du devenir.

Se ressentent des pulsions profondes et essentielles capables de produire un réel potentiel non complémentaire mais supplémentaire à celui que l’on connaît. Face aux ténèbres surgit donc cette clarté primordiale qui fascine et émerveille par sa fraîcheur émotive.

De la multiplicité des traits et des couleurs (même si dans chaque toile parmi elles et eux il reste toujours une dominante particulière) émerge la dilation continuelle d’un sens profond, intrinsèque à cette création : celui de l’élévation, d’une légèreté aussi vagabonde que dirigée vers une vitalité.

Celle-ci reste le noyau dur (mais doux) qui justifie la raison même de l’œuvre.

A travers diverses modalités d’organisation et de fonctionnement d'Ame Sauvage présente différents « rapports » ou jeux mais son langage reste éminemment reconnaissable et révèle la face la plus secrète de l’artiste peintre. Sa création est donc bipolaire.

D’une part elle est symbolique puisqu’elle offre toujours le passage d’une réalité présente à une réalité autre qui dépasse la première. D’autre part elle est épiphanique puisqu’elle laisse apparaître quelque chose de l’ordre de l’expansion.

Ce dynamique plastique et les potentialités qu’il ouvre devient la réponse apportée par l’artiste peintre aux angoisses de l’être devant la temporalité. Celui-ci reste ici dans un temps de renaissance puisque couleurs et formes s’inscrivent contre toute forme de dégradation. On peut parler alors de peinture vectorielle algébrique particulière : elle qui pousse vers le « plus » (+) en ignorant le « moins » (-).

Les réponses offertes dans l’espace de la toile sont en conséquence de l’ordre de diurne - voire plus précisément d’aurore - en des schèmas d’ascension, de verticalité. Ils réinventent des instances d’ouvertures plus que des refuges. Et lorsque dans certaines toiles tout semble vouloir "tourner" de manière cyclique soudain une volute éclate. Elle écarte des cercles viciés qui induiraient le pur statisme tourneur de manière instinctive.

Ici en effet l’imaginaire pictural suit des lois que la rationalité ignore. D’où ce passage du réel au virtuel, de l’actuel au possible. Résumons : la cohérence de la peinture d’Ame Sauvage jaillit de la convergence de grandes lignes dynamiques à l’intérieur desquelles viennent s’inscrire les couleurs les plus fraîches et les plus subtiles d’un indicible lieu de l’ouvert dans le frémissement d’un passage.

                                                                                                                                      Jean-Paul Gavard-Perret 

 

 

Jean-Paul Gavard-Perret Né en 1947 à Chambéry, Jean-Paul Gavard-Perret est maître de conférence en communication à l´Université de Savoie. Il poursuit une réflexion littéraire ponctuée déjà d’une vingtaine d’ouvrages et collabore à plusieurs revues.

* "La mariée était en rouge" - Le chant du cygne, Paris, 2009 * "Beckett et la Poésie : La Disparition des images " - Le Manuscrit, 2001 * "Trois faces du nom" - L´harmattan, Paris * "Chants de déclin et de l´Abandon" - Pierron, 2003 * "A l´Epreuve du temps" - Dumerchez 2003 * "Donner ainsi l´espace" - La Sétérée 2005 * "Porc Epique" - Le Petit Véhicule, 2006 * Les Impudiques -Editions du Cygne, 2007 * "Mon ex a épousé un schtroumpf " -sous le pseudonyme de GarrGammel - Editions Chloé des Lys, 2008 * etc.

 

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Autre analyse par le critique d'art Jean-Paul-Gavard-Perret

 

PHASMES D’ÂME SAUVAGE


Texte écrit par Jean-Paul Gavard-Perret

 

"Nous ne briserons jamais certains de nos liens : ceux dont nous ne pouvons nous défaire est la brisure même" (Jabès)

L’oeuvre d’Ame Sauvage ressemble à une pluie inversée. Une pluie d’écume d’où émergent à travers les couleurs l’ineffable, l’ineffaçable, l’entraperçu. En certains points des tableaux demeurent des résistances. Elles sont nécessaires à toute naissance, à tout éclatement. L’éternité devient alors le temps d’attente en aval du temps comme si c’était en ce travail que pouvait se lire un monde d’échos puissants.

Il existe une forme de violence pour atteindre jusqu’à la possibilité de l’impossibilité. Formes et couleurs font mieux que réfléchir : elles portent vers un seuil dans le mystère de l’âme à laquelle l’abstraction d’Ame Sauvage donne un poids. 

D’un côté la sagesse de la peinture, de l’autre sa folie. Entre les deux : l’ivresse spirituelle qui se crée là où dans le rouge le feu est protégée par le feu comme la mer par la mer. Du tréfonds du tableau comme de l’âme surgissent des sillons aux modalités complexes. Ils conduisent d’une rive embrumée à une rive claire. Pas à pas, pied à pied.

Il n’est donc pas de soir qui soit la promesse d’une aube. L’errance programmée de la recherche d’Ame Sauvage est un pas de plus vers ce qui n’a pas de nom mais soutient entre effacement et apparition. C’est une ode à la vie. 

On entend parfois dans cette peinture des grondements, on sent une fièvre là où l’œuvre refuse toutes accointances avec la mort que l’on se donne ou qui nous est donné. L’œuvre reste ainsi un combat contre le silence, elle se veut rédemptrice.

Elle n’est pas encore le moyen de se situer dans le temps mais elle le déborde sans se vouloir un trompe l’œil. Au contraire. Elle appelle une vision profonde dans une sorte de violence particulière : celle qui n’engloutit pas mais devient révélation assourdissante.

Un tel travail reste celui de l’exigence, de l’interrogation qui lutte contre l’ombre. C’est ainsi que les tableaux d’Ame Sauvage nourrissent en ouvrant des possibilités et une disponibilité non sommaires. D’où cette nécessaire perte de repères à travers le corps de la peinture, à travers ses aveux qui peu à peu dans la pudeur abstraite prêchent l’évidence. Il s’agit d’élargir le mystère, ton mystère, plus encore que d’en espérer une connaissance. 

Bref, bâtir pas à pas un monstre duel qui ne serait ni une cathédrale ni la simple meule de paille. Il nous faut passer le désir du corps et faire que le tien ne ressemble jamais à celui des tahitiennes de Gauguin qui engourdissaient lepeintre mais qu’il soit semblable à celui des femmes de Matisse, celles qui réveillent dans leur sexe une inquiétude métaphysique.

C’est pourquoi si le temps sépare l’espace du tableau unit à travers le désir qui le construit. Nous glissons dans ce partage. Flux persistant, sensation de vertige au bord de l’illisible qui soudain trouve une paradoxale figuration.

Jean-Paul Gavard-Perret

Titre 3 A propos du critique d'art ...

Jean-Paul Gavard-Perret Né en 1947 à Chambéry, Jean-Paul Gavard-Perret est maître de conférence en communication à l´Université de Savoie. Il poursuit une réflexion littéraire ponctuée déjà d’une vingtaine d’ouvrages et collabore à plusieurs revues.

* "La mariée était en rouge" - Le chant du cygne, Paris, 2009 * "Beckett et la Poésie : La Disparition des images " - Le Manuscrit, 2001 * "Trois faces du nom" - L´harmattan, Paris * "Chants de déclin et de l´Abandon" - Pierron, 2003 * "A l´Epreuve du temps" - Dumerchez 2003 * "Donner ainsi l´espace" - La Sétérée 2005 * "Porc Epique" - Le Petit Véhicule, 2006 * Les Impudiques -Editions du Cygne, 2007 * "Mon ex a épousé un schtroumpf " -sous le pseudonyme de GarrGammel - Editions Chloé des Lys, 2008 * etc.

 

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